Comprendre l’Art du Chi par Vlady Stévanovitch

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« La santé et la bonne humeur sont les conditions nécessaires pour pouvoir sérieusement se consacrer à la recherche vers laquelle je guide mes élèves. Tout d’abord, nous n’abordons pas le Taï Ji Quan comme un art martial. Toute idée de combat est exclue. Toute idée de compétition, quelle qu’elle soit est incompatible avec notre approche du Taï Ji Quan. Nous ne faisons pas de pushing-hands. Lorsque nous travaillons avec un partenaire, nous essayons de percevoir son énergie et de pressentir ses mouvements.

Mais ce n’est pas avec l’intention de lui faire perdre l’équilibre ou de le mettre hors de combat. Notre intention est de nous identifier en quelque sorte à lui, d’établir une communion et de faire ensemble le même Taï Ji Quan. Mais avant d’en arriver là, nous faisons un très long apprentissage de détection et de manipulation de l’énergie. La détection d’abord. Pendant toute la pratique nous sommes en permanence à l’écoute du moindre frémissement énergétique. Sans parler des grands courants d’énergie que nous suivons et des vagues par lesquelles nous nous faisons porter. Mais en même temps, nous faisons des manipulations de notre propre énergie, que nous guidons dans les circuits privilégiés. Ce travail demande une grande concentration et absorbe toute notre attention. Nous ignorons toute idée de combat dans notre pratique. C’est ainsi que nous faisons exécuter aux jambes des mouvements aussi lents et aussi aériens qu’aux bras. C’est aussi à ça qu’on reconnaît notre manière, pour ne pas dire notre style. Nous ne recherchons aucune efficacité. Nous essayons de nous centrer et de nous incorporer dans l’énergie de l’espace environnant. Notre intention profonde c’est la paix et l’harmonie intérieure. C’est le silence de l’esprit. »

Les Arts Martiaux et le Taï Ji Quan de la Voie Intérieure – V. Stévanovitch


Vlady Stévanovitch est né en 1925 à Belgrade, dans l’actuelle Serbie, d’un père serbe et d’une mère belge. Passionné de musique mais confronté à des difficultés respiratoires, il rencontre à 14 ans un homme ayant vécu 20 ans en Inde et maîtrisant des techniques particulières (dont le Yoga) et le supplie de l’aider. Celui qui sera son premier maître accepte, et lui transmettra en quelques années cruciales des fondements qui vont bien au-delà de ce dont le jeune adolescent a conscience à ce moment-là. Vlady cultivera toute sa vie les acquis de cette période initiatique.

Lors la seconde guerre mondiale, il sera un patriote résistant communiste, puis s’opposera au régime de Tito après la guerre. Contraint de fuir la Yougoslavie, il s’installe en France et retrouve sa vocation de musicien professionnel (hautbois). Vlady rencontre à Paris son deuxième maître qui l’aidera à amener à maturité sa pratique énergétique à travers des techniques vocales, de méditation et thérapeutiques.

Installé en Belgique au début des années 70, il applique à son activité de soin ses savoirs énergétiques et s’initie au Tai Ji Quan avec maître Kuo Chi. Jusqu’au milieu des années 80, Vlady se consacre aux soins tout en approfondissant sa pratique de Tai Ji Quan. Cette discipline lui offrira le support idéal pour commencer à transmettre ses connaissances, dont il réalise une synthèse dans l’Art du Chi.

« Pour moi le Taï Ji Quan est devenu un extraordinaire moyen de transmission de l’enseignement que j’avais reçu de mes deux maîtres précédents. (…) Je retrouvais les deux voies réunies dans l’enseignement que je recevais du maître chinois. Les deux voies abordées dans une pratique corporelle d’une richesse exceptionnelle. »
Vlady Stévanovitch, L’Essentiel, Janvier 1999, p. 33